Ressources Mime Corporel - Arts du Geste
Il est une chose dont l’homme n’a pas encore appris à se rendre maître ; une chose dont il ne soupçonne même pas qu’elle est là, toute prête à être abordée avec amour, invisible et cependant toujours présente, magnifique de séduction, et prompte à s’enfuir… Ce n’est rien d’autre que le Mouvement. Gordon Graig
A propos de Pour votre Bien
Compagnie Hippocampe - Création 2024
Texte de Jean-Marie Pradier
Quand les arts donnent vie au vivant, le spectateur s’en trouve restauré, serait-ce au prix d’une installation réussie de la peur, pour votre bien, louable intention. Au temps de la prolifération des images de l’effroi et des émotions les plus violentes dansant sur les écrans, la chair des humains se trouve réduite à des pixels, des brillances coloriées, des stéréotypes de pensée et de langue.
Cette recherche a reçu le soutien de la Direction Générale de la Création Artistique dans le cadre du premier appel à projets pour la recherche fondamentale en théâtre et arts associées.
A l’origine, le Mime Corporel est la vision d’une personne, Etienne Decroux, acteur et pédagogue français (1898-1991),
qui a travaillé durant plus de soixante ans à son élaboration. Sa passion méthodique l’a amené à créer un vocabulaire propre, une grammaire de mouvements, des styles de jeu et une série de protocoles qui ont donné naissance à une technique.
Les éléments constitutifs de cette technique corporelle artistique sont toujours en évolution, même si l'on peut dire qu'aujourd'hui encore la transmission du Mime Corporel se fait en grande partie à partir du legs laissé par Etienne Decroux.
Il existe un très grand nombre de figures, plus d'une centaine, élaborées par Etienne Decroux
et qui ont été transmises par ses successeurs. Nous avons choisi de montrer une vingtaine de figures, la plupart de trois façons différentes. Les figures solo, exécutées en silence, sans commentaires. Les figures « guidées », qui sont décrites durant l’exécution. Et les figures mises en espace.
Ici les Figures Solo :
Nous avons fait une sélection de figures d'étude et avons choisi de les montrer une vingtaine de figures et nous les montrons de différentes façons.
Ici, es Figures « guidées », qui sont décrites durant l’exécution:
Nous avons choisi de montrer une vingtaine de figures, la plupart de trois façons différentes.
Les figures solo, exécutées en silence, sans commentaires. Les figures « guidées », qui sont décrites durant l’exécution. Et les figures mises en espace. Ces dernières sont présentées par plus d'une personne en même temps, avec quelques touches de « mise-en-scène ».
Ici les Figures mises en espace :
Les gammes choisies ont été séparées en deux groupes.
Un premier appelé Gammes pédagogiques et un deuxième appelé Gammes mises en espace. Dans le premier groupe, la plupart des gammes sont commentées et/ou décrites durant l’exécution. Les Gammes mises en espace ne sont pas expliquées.
Ici les gammes pédagogiques :
Les gammes que nous avons choisi de montrer ont été séparées en deux groupes. Pour celui-ci, les Gammes mises en espace, nous avons fait le choix de ne pas les expliquer mais de tenter de donner une dimension ludique à ces exercices.
Ici les Gammes mises en espace :
A travers le choix des pièces nous avons voulu mettre en évidence la question qui est au cœur de ce travail de recherche, à savoir : Qu'est-ce que se garde dans le processus de transmission
d'une technique corporelle artistique. Chacune de pièces représente une époque différente et un cas de figure particulier, du processus de transmission.
Pièces :
Le théâtre de l’avenir : Une espérance (Extraits)
Par Edward Gordon Craig
Au début, vous vous êtes attaché à l’interprétation (des rôles) ; de là vous avez passé à la Représentation (des pièces) ; vous arriverez maintenant à la Révélation. Tandis que vous vous occupiez de personnifier, et de représenter, vous faisiez usage de matériaux dont on s’est toujours servi jusqu’ici : c’est-à-dire du corps humain dans la personne de l’acteur ; de la parole, formulée par le poète et l’acteur; du monde visible figuré au moyen de la mise en scène. Vous révélerez désormais les choses invisibles, celle que perçoit le regard intérieur, au moyen du mouvement, de la divine et merveilleuse force qu’est le Mouvement.
Bibliographie non exaustive
ARTAUD Antonin, 1964. Le Théâtre et son double. Paris, Folio Gallimard.
ASLAN, O., 2005. L’acteur au XXe siècle. Vic la Gardiole, L’Entretemps éditions.
BARBA Eugenio, 2004. Le Canoë de Papier. Traité d’anthropologie théâtrale, Saussan, L’Entretemps
BARBA, Eugenio and SAVARESE, Nicolas, 1995. L’Energie qui Danse. L’Art Secret de l’Acteur. Paris, Bouffonneries n°32-33-ISTA.
BARRAULT, Jean-Louis, 1984. Saisir le Présent. Paris, Robert Lafont.
BARRAULT, J.L., 1972. Souvenirs pour demain. Paris, Seuil.
A propos de : Si tu n’étais pas de marbre…
Création 2019 de la Compagnie Hippocampe
Si les statues en exil meurent dans les musées, d’autres reviennent à la vie dans l’atelier du maître, la nuit tombée. Dressés dans l’ombre sur des cubes gris bleu, deux corps stupéfiés se devinent. L’obscurité trouble leur présence minérale. L’est-elle vraiment ? Dans les vibrations nocturnes la matière n’est jamais parfaitement immobile. L’argile, le plâtre, le marbre ont des sonorités, des odeurs dont on ne sait ce qu’elles doivent à celui, à celle qui les a travaillés en pleine lumière. Tout geste vigoureux laisse des traces de sueur. L’extrême concentration, les retouches et les éclats de fureur si la matière résiste ou fuit, se brise ou s’affale se décèle en d’infimes détails. Reste insaisissable le moment même de la fécondation quand la matière rencontre la main de l’artiste.
Autobiographie relative à la genèse du Mime Corporel
(Extrais de Paroles sur le mime – Librairie Théâtrale - 1963)
Mes prédispositions.
Pour transformer les choses, l’homme les touche.
Si sa main ne le peut, il touche avec l’outil ; qu’il touche.
Des Beaux-Arts, ceux que je préfère sont ceux qui représentent ce qui ce touche et qu’on touche, qui sont pratiqués en touchant, dont l’ouvre achevée peut être touchée par l’appréciateur.
Extrait du livre Etienne Decroux, mime corporel sous la direction de Patrick Pezin
(collection Les voies de l’acteur – Lentretemps éditions – 2003)
Vous avez choisi l’hippocampe comme symbole de votre travail. Pouvez-vous nous expliquer les raisons de ce choix ?
Je ne suis pas le seul, je crois, à être séduit par cet animal qu’on n’ose pas appeler un poisson.
Cela dit pourquoi ai-je choisi cet animal comme symbole de mon activité ?
Extrait de L’Art du théâtre
Par EdwardGordon Graig
« Tout ce qui est accidentel est contraire à l ‘Art. L’art est l’antithèse même du Chaos, qui n’est autre chose qu’une avalanche d’accidents. L’Art ne se développe que selon un plan ordonné. Il ressort donc clairement que pour créer une œuvre d’Art, nous ne pouvons nous servir que de matériaux dont nous usions avec certitude. Or, l’homme n’est pas de ceux-là. Toute sa nature tend à l’indépendance ; toute sa personne montre à l’évidence qu’elle ne saurait être employée comme « Matière » Théâtrale.
Extrait de l’article 'Le Grand Projet'. Publié dans le livre Etienne Decroux, mime corporel
sous la direction de Patrick Pezin (collection Les voies de l’acteur – L’Entretemps éditions)
Par Thomas Leabhart
Pour Decroux, le Grand Projet de sa vie, le vaste inconnu qui attend toujours d’être découvert, oscillait quelque part entre la diction et le ballet classique, et s’appelait le mime corporel. Ce n’était pas nécessairement silencieux, mais la phase silencieuse de la reconquête du corps et de l’établissement de l’acteur comme figure centrale du théâtre (en contraste avec le dramaturge ou le metteur en scène) devait précéder le retour de la voix. Comme Zeami et Grotowski, les théories de Decroux se basaient sur une pratique solide, et étaient reliées à la pratique du jeu plutôt qu’à celle de la dramaturgie, comme c’est le cas chez Aristote et chez la plupart des autres théoriciens occidentaux.